Instantanés d'Ambre - 2015


Mon réumé
De nos jours monsieur Amber, un vieux pensionnaire de ce qui semble être une maison de retraite, est observé par une femme qui connaît son secret.

Un peu plus

Quelques années auparavant, une mère voulant échapper à un chien "maléfique" emménage avec ses enfants (deux garçons et une fille) dans une maison entourée d'un haut mur et les oblige à oublier leur identité : pour cela ils choisissent leur nouveau nom dans une encyclopédie : ce sera Opale, Ambre et Agate. Durant des années, ils vivent avec interdiction de sortir du jardin, et, livrés à eux-mêmes, ils se réfugient alors dans leur univers d'occupations, de lectures, de jeux, complètement fantasmagoriques dans lesquels leur soeur morte peut reprendre vie. La mère se rend à son travail et des choses de l'extérieur entrent dans leur univers : un jour, la mère ramène un âne chargé de brouter leur herbe ; un autre jour en son absence, l'un des enfants sort du jardin et fait la connaissance d'un colporteur qui peut leur offrir des merveilles qu'ils n'ont jamais vues. L'harmonie de leur univers clos est rompue et cette fissure va être le début de leur délivrance.


Un peu plus
J'ai retrouvé dans ce dernier Ogawa les thèmes qu’elle affectionne tant : l'eau (la fontaine, le ruisseau, la neige,...), le pouvoir de l'encyclopédie, les insectes, la pâtisserie, les cavités secrètes, les animaux...que Yoko décrit avec tant de poésie
L’âne, ce drôle de visiteur qui se contentait de brouter en silence, apportait aux enfants un moment de joie intense. Dans leur esprit, l’année se partageait désormais en deux périodes, avant et après le passage de l’âne du chauffagiste. Ces deux périodes étaient reliées par les six jours de l’âne. Il était comparable à un ruban. Leur enfermement dans ce temps monotone n’était pas noué avec une banale cordelette mais avec une jolie faveur.
mais l'histoire de cette mère folle et de ses enfants livrés à eux-même la plupart du temps, m'a mise mal à l'aise : j'avais hâte que leur réclusion soit découverte ; le lecteur sait que c'est le cas puisque le roman est divisé en deux narrations : tout d'abord la narration du présent avec la femme qui observe le vieux monsieur Amber dans le milieu hospitalier :
Ceux qui bavardaient au salon après le repas se sont-ils déjà retirés ? Ont disparu le brouhaha des conversations et le son du piano que l’on entendait un moment plus tôt : le vestibule a retrouvé son calme. Même s’il n’y a pas de fenêtres, la présence de la nuit flotte à nos pieds et l’on sait que l’extérieur est plongé dans le noir complet, il n’y a même pas de clair de lune. Tout au bout du vestibule on aperçoit dans la pénombre la porte qui donne accès au pavillon B.
puis celle du passé où les enfants vivent très librement mais sous l'influence néfaste de leur mère qui est complètement "à la masse". Cela m'a fait mal de lire ses enfants abandonnés à eux-même et à leur fantasmes, habillés comme des personnages de théâtre, avec des ailes, avec une couronne... car même s'ils ne semblent pas souffrir de leur état, le lecteur sait que la situation est anormale et que cette expérience va les marquer à jamais.
Ils se mettaient ensuite à courir un peu partout à travers le jardin, cherchant des cigales plus grosses. Rayons de soleil lumineux, nuages balayés par le vent dans les bois de mélèzes, ciel bleu à l’infini. La source qui s’était tarie au cours de l’été était revenue à la vie et le filet d’eau qui coulait des rochers en bordure du mur de briques avait retrouvé sa transparence. Quand réapparut Agate qui s’était frayé un passage entre les racines du mimosa dont les branches qui poussaient en liberté étaient tout enchevêtrées, Ambre laissa échapper un cri. En un instant, le benjamin semblait métamorphosé en une autre créature. — Qu’est-ce qui t’arrive ?
Un joli roman mais ce n'est pas mon préféré par rapport au thème de l'histoire (folie de la mère et enfants sacrifiés)



Titre original : Kohaku no matataki
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
lu en version kindle mais sinon 300 pages