Hotel Iris - 1996


Mon résumé
Mari, une jeune fille de 17 ans, devient la proie consentante d'un homme âgé qui fait d'elle un objet érotique, en l'attachant et en l'humiliant.
Le matin, en me rasant, je ne me rends pas compte que ma main s'interrompt et, toujours pleine de mousse, se met à caresser tendrement le miroir. (p 90)

Un peu plus
Malgré le sujet quelque peu scabreux, pour ne pas dire licencieux, je dois reconnaître à Ogawa une incroyable délicatesse. Je classe ce roman dans la catégorie "recherché" (qui correpond à 4 étoiles dans le classement de ma bibliothèque en ligne Babelio), car pour moi le sujet est sophistiqué, atypique, de plus, le style est incroyablement maîtrisé : une profondeur se dégage de tout ce qu'il y a à dire.

Mari est complètement subjuguée par l'homme qui la rudoie et l'humilie, mais elle en tire une jouissance impossible à raisonner.
J'aurais dû avoir mal partout. Cependant je ne sentais rien. Mes nerfs s'étaient désespérement noués quelque part. La douleur qu'il me procurait libérait une douce langueur dès qu'elle franchissait la barrière de ma peau. (p 71)
Même ficelée et accrochée au plafond, elle trouve dans son reflet une certaine esthétique de la mort, comme si la mort n'était pas si terrible au fond.

L'homme, traducteur de russe, est meurtri par un drame passé et navigue en eaux troubles exposant deux faces : sa délicatesse, sa prose touchante et son obsession pour les foulards autour du cou des femmes.

Un livre qui laisse une certaine gêne car certaines scènes sont plus que luxurieuses, je note que Ogawa n'est jamais pornographique ; les rapports décrits du point de vue de Mari, bien qu'outrageux, sont ressentis comme une sorte de bénédiction.

Mari existe, Mari est aimée, pour le meilleur et pour le pire.

Une histoire assurément extravagante, un genre de Lolita revue à la japonaise, que j'ai lue un peu avec méfiance je l'avoue, sachant à quoi m'en tenir pour avoir lu des avis plutôt négatifs sur ce roman, mais une histoire de laquelle j'ai quand même retiré une chose : l'assurance que Ogawa est une auteure d'exception, quoiqu'elle écrive.

Titre original : Hoteru Airisu
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
235 pages