La désagrégation du papillon - 1988


Mon résumé
Japon. Après avoir emmené sa grand-mère désormais incapable de vivre normalement auprès d'elle, une jeune femme se demande où est la frontière entre le normal et ce qui ne l'est pas et sombre progressivement dans une lourde oppression de la vie et de ses formes.
Pourquoi ne puis-je me désolidariser de l'anormalité qui est en moi ? Pourquoi adhére-t-elle aussi lourdement à mon ventre ?
Un peu plus
Premiere nouvelle disponible en français écrite par Ogawa en 1988 et éditée par Actes Sud en 1993, La désagrégation du papillon initie le thème de l'étrangeté, familier à Ogawa. Dans un style touchant, nous frôlons la légitime fragilité de la conscience : qui est capable de décider à quel moment nous ne sommes plus dans la "norme", comment savoir que nous sommes devenus pour les autres un étranger, un être incapable de vivre sans se mettre en danger et sans risquer la vie ou le tourment de nos proches ? A partir de l'instant où sa grand-mère, avec laquelle elle a vécu toute sa vie, parfois dans la crainte, quitte leur foyer, l'héroïne se sent envahie par un sentiment de confusion, qu'elle couve en elle à la manière d'un embryon.

Parmi les thèmes que j'ai reconnu pour réapparaître dans d'autres nouvelles ou romans, notons les sons (les bruits), thème qui sera repris dans Amours en marge 3 ans plus tard, ou encore les spécimens dont il sera question dans l'original Annulaire.

Inquiète et se confiant au docteur qui soigne sa grand-mère, l'héroïne découvre que :
A la fin, chacun ne garde que la partie la plus purement humaine, et le reste c'est du vide. Tous les éléments qui nous différencient des autres, que ce soit le sexe, la personnalité ou la position sociale, n'ont plus aucune signification. (p 148)

Qu'il est donc bon de croire qu'il restera toujours une portion d'humanité quand nous aurons rogné tout ce qu'il y avait autour...
Titre original : Agehachō ga kowareru toki
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
66 pages