Petits oiseaux - 2012


Le sujet :
Japon. La complicité de deux frères dont l’aîné ne peut pas se faire comprendre de ses semblables à l'exception de son frère. Adultes, et à la mort de leur mère, les deux frères restent ensemble : le plus jeune devient régisseur d'une sorte d'hôtel particulier pour hôtes importants d'une firme, tandis que l'aîné se contente d'observer les oiseaux de la volière du jardin d'enfants, et de sortir chercher ses sucettes à la pharmacie tous les mercredi. A la mort de l'aîné, le cadet continue sa petite vie, s'intéressant de plus en plus aux oiseaux qui passionnaient tant son frère, devient le soigneur de la volière du jardin d'enfants. Devenu, le vieux "monsieur aux petits oiseaux", l'aîné se rend bien compte que malgré les petites cérémonies pratiquées pour conserver le plus longtemps possible la mémoire de son frère, les gens continuent de changer, disparaissent et oublient. Lui aussi doit apprendre à lâcher prise.
Le verbe :
Ils battaient des ailes près de l'abreuvoir, s'appropriaient la balançoire, se cachaient dans les nichoirs. Tout en faisant ce qu'ils voulaient, ils avaient tous conscience de la présence du frère aîné, et quelle que fût leur position, faisaient attention à ce que  sa silhouette ne disparaisse pas de leur champ de vision. Quant au frère cadet, ils n'y faisaient même pas attention, ayant deviné dès le début qu'il n'était qu'un simple accompagnateur.  (p 64)
Mon complément :
Avec ce roman, Yoko Ogawa nous invite à poursuivre la découverte de sa galerie personnelle des êtres "différents". Le personnage principal est trouvé mort dès les premières pages, il n'a pas de nom car il est connu dans le quartier comme le "monsieur aux petits oiseaux", pour s'être occupé de longues années de la volière de l'école maternelle voisine. Mais le vieil homme a embrassé cette passion par amour pour son frère aîné, une sorte d'autiste -sans que ce mot ne soit explicitement écrit -. L'aîné ne comprend que le langage des oiseaux et lui-même parle en pépiant. Son cadet assure la traduction. Même à la mort de son frère, il pourrait faire ce qui lui plait partir en vacances alors que jusqu'à présent ils se sont toujours arrêtés devant le grillage de la volière du jardin d'enfants. Il lui survit et entretient la mémoire de toutes les petits choses qui faisaient leur univers si particulier, habitudes, objets et "manies". Le cadet devenu un vieil homme passe à son tour pour l'original, parce que les gens ne le comprennent pas, ils se méfient. Petit roman onirique et intimiste que j'ai lu assez rapidement, sans toutefois être absorbée par cette histoire des deux frères qui vivent plus ou moins repliés sur eux-mêmes. Je n'ai pas ressenti d'empathie, c'est ainsi. Le style d'Ogawa est toujours bien présent, c'est juste le sujet que j'ai moins apprécié. On retrouve les thèmes de la collection, de la mémoire, du corps qui change, de la mort. Un livre à réserver aux inconditionnels de l'auteur ; les nouveaux lecteurs devraient commencer par un autre livre comme La marche de Mina ou encore l'annulaire (plus fantastique).

Informations sur le livre
Editeur : Actes sud
260 pages
Titre original : Kotori
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle